En France, la chute en hauteur constitue la seconde cause de mortalité au travail. Rien que sur le premier trimestre de l’année 2019, 28 accidents mortels liés à des chutes ont été recensés. Il est par conséquent primordial de respecter scrupuleusement toutes les réglementations en la matière et de prendre toutes les mesures de protection nécessaires afin de garantir un travail en hauteur en toute sécurité.

À propos de la réglementation sur le travail en hauteur

Par contradiction à une chute de plain-pied, on parle de chute de hauteur lorsqu’il y a une dénivellation. Il peut s’agir de :

  • une surélévation légère de quelques centimètres : le travailleur doit monter sur un escabeau par exemple,
  • une surélévation importante de plusieurs mètres : le travailleur doit grimper sur des toitures ou sur des pylônes.

Cependant, une chute est également dite de hauteur si une personne travaille au sol et qu’elle tombe dans une tranchée, une fouille ou une falaise à proximité de son lieu de travail.

La réglementation actuelle ne donne aucune définition du travail en hauteur. Il revient à l’employeur de rechercher l’existence d’un risque de chute de hauteur en effectuant une évaluation des risques. Il devra ensuite prendre les mesures nécessaires pour limiter les risques en se basant sur les principes généraux de prévention préconisés par le Code du travail.

Conception des lieux de travail

Conformément aux textes du Code du travail, l’employeur est tenu de sécuriser les bâtiments qui abritent des locaux de travail. Pour éviter toute chute de hauteur, il doit porter une attention particulière :

  • aux passerelles, aux planchers en encorbellement, aux plateformes surélevées ainsi qu’à leurs moyens d’accès,
  • aux trappes, ouvertures de descente et aux puits,
  • aux toitures en matériaux connus pour être fragiles et aux parties vitrées,
  • aux bassins, cuves et réservoirs,
  • aux différents ouvrants en élévation ou en toiture.

S’il est impossible de sécuriser techniquement certaines zones potentiellement dangereuses, l’employeur a le devoir d’en restreindre l’accès uniquement au personnel qui dispose d’une autorisation et d’une habilitation de travail en hauteur. Une signalisation claire et visible doit être mise en place pour signifier clairement cette restriction.

L’employeur doit par ailleurs avoir en sa possession un dossier de maintenance des lieux de travail qui compile les solutions adaptées pour les zones à risques citées précédemment.

Les travaux temporaires en hauteur

L’employeur doit réaliser un plan de travail qui, d’une part préserve la santé et la sécurité des employés affectés à des travaux en hauteur et d’autre part, assure des conditions ergonomiques pour l’exécution des travaux. Il doit également faire en sorte que l’accès et la circulation sur les postes de travail en hauteur soient parfaitement sécurisés.

Dans le cadre de la prévention des chutes de hauteur, il doit miser sur des dispositifs de protection collective, à savoir notamment des garde-corps intégrés ou fixés de manière sécuritaire ou tout autre moyen garantissant une sécurité équivalente.

S’il est impossible d’installer en hauteur des garde-corps conformes au Code du travail, il sera indispensable de recourir à des dispositifs de recueil souples ou à des équipements de protection individuelle (EPI) à l’instar des systèmes d’arrêt de chutes.

Il est par contre interdit d’utiliser des échelles et des escabeaux comme poste de travail. Il en va de même pour les postes de travail constitués par des techniques d’accès et de positionnement au moyen de cordes. La réglementation en vigueur interdit également la réalisation de travaux en hauteur lorsque les conditions météorologiques et l’environnement du poste du travail ne garantissent pas une parfaite sécurité aux travailleurs.

Pour assurer au maximum la santé et la sécurité de ses employés, l’employeur a également l’obligation de vérifier régulièrement la conformité et l’état d’usure de l’ensemble des équipements de protection utilisés pour les travaux en hauteur.

Les compétences et la formation des intervenants

Pour limiter les chutes de hauteur, l’employeur doit dispenser une formation de travail en hauteur aux employés qui seront amenés à intervenir sur des postes de travail surélevés. Il doit notamment les former sur l’usage de certains équipements de travail spécifiques, à savoir :

  • les échafaudages,
  • les équipements motorisés dédiés au travail en hauteur, notamment les plateformes élévatrices mobiles de personnel, les plateformes suspendues et les plateformes sur mâts.

En complément, il doit donner aux intervenants des EPI adaptés et les former sur leur utilisation. Il doit informer les travailleurs sur les conditions d’utilisation des EPI, les risques contre lesquels les EPI les protègent, les consignes et les instructions concernant les EPI ainsi que les particularités du site sur lequel ils vont travailler.

Une attention particulière doit être portée sur la formation aux opérations et aux procédures de sauvetage. Essentielle dans le cadre de travaux sur corde, cette formation a pour principal but de faire connaître aux intervenants en hauteur les conditions d’exécution du travail ainsi que la conduite à tenir en cas d’accident.

Conseils pour des travaux en hauteur en toute sécurité

Pour limiter les chutes de hauteur, la règle de base est de respecter à la lettre toutes les réglementations en vigueur. Toutefois, il est également important de faire preuve de bon sens et surtout d’une grande prudence.

Ne minimisez pas l’importance des garde-corps

Obligation réglementaire, le garde-corps est certainement la protection passive la plus efficace et la plus simple à mettre en œuvre. Selon les besoins, ils peuvent être fixés de manière temporaire ou permanente. Il existe aujourd’hui sur le commerce un large choix de systèmes de garde-corps. Le choix dépendra essentiellement de la nature du site en hauteur.

Faites le bon choix d’EPI

Il est primordial de sélectionner l’EPI approprié pour un travail en hauteur donné. Si la réglementation du travail en hauteur impose par exemple l’usage de harnais de sécurité, il faut faire attention à bien choisir celui qui propose toutes les fonctionnalités dont vous avez besoin (doté d’anneaux en D supplémentaires, fabriqué en matériau ignifugé…).

Vérifiez correctement les EPI

Les intervenants en hauteur doivent systématiquement procéder à une inspection approfondie de leurs EPI avant toute intervention, car la moindre négligence ou inattention peut avoir des conséquences graves, voire même mortelles dans certains cas. Les résultats de l’inspection devront par la suite être marqués dans un registre disponible pour toute vérification.

Prenez le temps de bien comprendre la distance de chute

Un bon équipement de protection antichute doit pouvoir se déclencher avant que le travailleur n’atteigne le sol en cas de chute. Pour faire le bon choix, il est par conséquent fondamental de connaître avec précision la distance de chute. Si vous utilisez une longe par exemple, la distance de chute réelle doit prendre en compte la longueur du corps de l’intervenant sous l’anneau en D en plus de la longueur de la longe déployée.

Sélectionnez le bon point d’ancrage

Un point d’ancrage doit pouvoir résister à une force de 10 Kn pendant une durée de 3 min pour être aux normes. Il est par conséquent indispensable d’opter pour les appareils qui peuvent supporter une telle contrainte. De manière générale, une fixation sur de l’acier de construction à l’aide d’une nacelle, d’une pince appropriée ou tout autre système d’ancrage manufacturé peut convenir si l’installation est réalisée correctement.

Optez pour la solution la plus adéquate

Échafaudage ? Nacelles élévatrices ? Plateformes élévatrices mobiles ? Plateformes suspendues ou plateformes sur mâts ? Le choix sera surtout fonction de la nature de la tâche à accomplir ainsi que du site de travail. Si vous utilisez un échafaudage, pensez à l’équiper d’une rambarde de sécurité pour augmenter votre protection. Si vous avez recours à une nacelle élévatrice, assurez-vous d’être bien attaché c’est-à-dire d’être correctement fixé au point d’ancrage conçu pour la nacelle, d’avoir une lanière de sécurité et de ne pas enrouler les longes autour des rails. Si le travail est effectué sur des plateformes, le harnais et la longe seront conseillés.

Faites attention aux échelles

Dans certains, il se peut que l’usage d’une échelle soit nécessaire. La prudence doit toujours rester de mise, car ce type d’équipement peut également induire de nombreux accidents. En effet, contrairement à ce que beaucoup pensent, cet équipement qui nous est familier requiert un savoir-faire pour être utilisé sans danger. Pour un usage sécurisé, il faut trouver les bons points de contact, mais aussi l’extension et le ratio adéquats.

Ne lésinez pas sur les formations et les entraînements

Une bonne formation et des entraînements réguliers, tels sont les bases de travaux en hauteur en toute sécurité. Chaque intervenant doit connaître sur le bout des doigts les équipements qu’il doit avoir et porter pour travailler en hauteur sans aucun danger, mais il doit également savoir les utiliser sans aucune difficulté. Ils doivent ainsi être formés en ce sens, mais aussi s’entraîner de manière régulière pour acquérir les bons gestes.