Au-delà d’un certain nombre de décibels, le son devient un bruit irritant et peut alors engendrer des conséquences néfastes. C’est notamment vrai dans le milieu professionnel. Il peut non seulement nuire à la santé des travailleurs, mais aussi avoir des répercussions négatives sur leur productivité. Il convient par conséquent de bien se conformer aux réglementations et de prendre toutes les précautions nécessaires pour prévenir et lutter contre le bruit au travail.
Le bruit : de quoi s’agit-il exactement et quelles en sont les conséquences néfastes ?
Définition du bruit
L’Association française de normalisation (AFNOR) définit le bruit comme tout phénomène acoustique qui produit une sensation auditive gênante ou désagréable, tout son qui a un caractère aléatoire n’ayant pas de composantes définies.
Il ne s’agit donc pas seulement des sons avec un niveau de décibels élevé qui peuvent endommager l’ouïe. Même les sons faibles peuvent être qualifiés de bruit lorsqu’ils induisent une gêne, un stress ou une déconcentration.
Quelles sont les conséquences néfastes du bruit ?
Pouvant être perçu comme une véritable nuisance, le bruit peut causer de nombreux désagréments à commencer par des problèmes d’audition. Il entraîne également d’autres effets extra-auditifs – néfastes pour des fonctions autres que l’audition – qui se manifestent surtout sur les plans physiologique et comportemental.
Concrètement, le bruit peut, outre endommager les organes de l’ouïe, miner la qualité de vie et la productivité d’un travailleur. Selon la nature de la gêne occasionnée, le bruit peut induire des troubles du métabolisme et du système digestif, des troubles du sommeil et de la concentration, de la nervosité, du stress et de l’agressivité…
Par ailleurs, il peut également favoriser les risques d’accident de travail, car il peut masquer les signaux d’alerte, perturber la communication verbale et détourner l’attention.
Quelques chiffres sur le bruit en France et en Europe
Le bruit au travail est un problème qui touche de plus en plus de personnes en France et sur le territoire européen. S’il concerne essentiellement le secteur de la construction et de l’industrie, il est également présent dans divers autres milieux professionnels.
Il n’y a pas que les grosses machines industrielles qui peuvent créer du bruit désagréable et gênant. Les conversations, les téléphones qui n’arrêtent pas de sonner, les imprimantes et les photocopieuses peuvent également devenir de vrais problèmes notamment dans les bureaux ouverts de type open-space et les lieux qui reçoivent du public (magasins, restaurants, écoles…).
Selon les statistiques, la part de travailleurs exposés aux bruits nocifs n’a cessé d’augmenter durant les 15 dernières années. Et ce, au point que la surdité s’impose désormais comme la deuxième maladie professionnelle avec près de 750 cas recensés chaque année.
En Europe, plus de 35 millions de salariés évoluent aujourd’hui dans des environnements soumis à du bruit potentiellement dangereux pour leur santé auditive. 20 % des salariés doivent parler plus fort pour être entendu au moins la moitié du temps passé sur le lieu de travail et 7 % font face à des troubles auditifs liés à leur activité.
Si le bruit coûte annuellement 92 milliards d’euros aux Européens en général, il coûte pas moins de 23 milliards d’euros aux Français sur la même période. En France, environ 60 % des salariés affirment être gênés par la fatigue auditive au travail et se plaignent des nuisances sonores quotidiennes de leurs collaborateurs. Ce chiffre atteint même plus de 80 % chez les actifs de 18 à 35 ans. Et pourtant, seul un tiers des moins de 35 ans pensent à porter une protection contre le bruit au travail.
Que dit la réglementation française à propos du bruit ?
En France, le bruit est officiellement reconnu comme un facteur de pénibilité du travail depuis 2016. Pour préserver le bien-être des salariés, mais aussi et surtout pour éviter les risques d’atteinte à leur système auditif, le gouvernement a instauré quelques règles en la matière.
Il est possible de voir l’intégralité de ces règles en question sur le site du CIDB (Centre de Documentation et d’Informations sur le Bruit), mais dans les grandes lignes, il faut savoir que :
- Les salariés ne doivent pas être exposés à un niveau sonore quotidien de plus de 85 décibels. Et ce, sous peine de voir leur santé auditive et extra-auditive se détériorer. Dans cette optique, tous les lieux d’activité des salariés doivent être aménagés de manière à diminuer d’une part la réverbération du bruit des machines sur les parois et d’autre part sa propagation vers les sites avoisinants.
- Au-delà de 90 décibels, les salariés qui doivent travailler dans le bruit ont l’obligation de porter des protecteurs si le bruit.
- Toutefois, s’il s’agit de bruit impulsionnel (tirs de mine, chute de tôle…), c’est-à-dire de durée très brève, le port de protecteurs n’est recommandé qu’à partir de 135 décibels et n’est obligatoire qu’au-delà de 140 décibels.
Qu’en est-il des sanctions ?
Le non-respect de la réglementation en vigueur en matière de bruit expose les contrevenants – toute personne physique ou morale – à une condamnation judiciaire, notamment à des sanctions pénales. La loi prévoit une amende assortie d’une peine d’emprisonnement pour les cas les plus graves.
Selon la nature de l’infraction, les sanctions pénales vont de la contravention de première classe au délit. Les juges peuvent également mettre en place des sanctions civiles s’ils pensent que cela est nécessaire.
Comment prévenir et lutter contre le bruit au travail ?
La meilleure mesure de prévention contre le bruit au travail reste certainement la réduction du bruit à la source. Cependant, le processus peut prendre du temps. C’est pourquoi les chefs d’entreprise privilégient plutôt le port de protecteurs auditifs individuels.
Outre les bouchons d’oreilles, des casques avec système d’élimination active du bruit sont aujourd’hui disponibles sur le commerce. Ce type de casque a l’avantage de garantir une communication plus claire entre les salariés qui travaillent dans un environnement bruyant. Ils contribuent par conséquent à minimiser les risques d’accident de travail tout en protégeant les organes de l’ouïe de celui qui les porte.
Il faut savoir toutefois que si la protection auditive est conforme à la réglementation en termes de diminution de l’exposition au bruit, elle est moins efficace que l’abaissement des niveaux sonores.
En optant pour l’abaissement des niveaux sonores, vous pouvez, si vous en avez les moyens, investir dans des machines et/ou des équipements dont la conception et la fabrication permettent de réduire au minimum les émissions sonores.
Toutefois, vous pouvez également miser sur divers dispositifs de réduction anti-bruit pour votre local, mais aussi pour vos salariés. Il en existe actuellement un large choix sur le marché et leur achat peut faire l’objet de mesures fiscales intéressantes s’ils sont dédiés à des installations déjà existantes. Vous pouvez par exemple installer des plafonds acoustiques ou encore des cloisons absorbantes pour la correction acoustique de votre local.
Si votre entreprise n’est pas encore en activité, vous devez, avant le lancement, vous assurer que votre local bénéficie de bonnes isolations acoustiques et qu’il est bien insonorisé si vous comptez utiliser des machines bruyantes. Le bruit engendré par votre activité ne doit en aucun cas porter atteinte au bien-être, à la santé et à la sécurité des futurs travailleurs.
Vous êtes par ailleurs tenu d’établir des cartes de bruit et des plans de prévention du bruit dans l’environnement afin de permettre l’évaluation globale de l’exposition au bruit dans l’environnement ainsi que l’établissement des prévisions générales de son évolution. Une bonne signalétique qui indique les zones de bruit permet également de prévenir les salariés qu’ils vont être confrontés à un endroit soumis à un niveau sonore important ou à des sons stridents.
En cours d’activité, vous devez organiser régulièrement l’évaluation des niveaux de bruit, et ce, avec l’aide de la Médecine du travail. Cette démarche vous permettra de prendre les dispositions nécessaires en fonction des résultats.
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